Ce que j'aime par-dessus tout, c'est cette danse avec l'eau. Ce moment où le pigment, à peine déposé par le pinceau, rencontre l'humidité du papier et commence sa propre vie.
Il y a une part de magie dans ces fusions, ces auréoles inattendues, ces transparences qui laissent vibrer le blanc du papier comme une source de lumière intérieure.
C'est une leçon d'humilité aussi, car l'eau a ses caprices, ses chemins secrets.
Il faut apprendre à l'écouter, à la guider sans la contraindre, à accepter l'imprévu qui devient souvent une heureuse surprise.
Chaque touche est une émotion. La douceur d'un lavis pour un ciel d'aube, la vivacité d'une couleur pure pour saisir l'éclat d'une fleur, la patience des superpositions pour construire une ombre, une profondeur.
C'est un langage délicat, parfois insaisissable, qui demande autant de lâcher-prise que de concentration.
Dans mon petit coin, peut-être ici à Nîmes où la lumière a tant de caractère, ou ailleurs, peu importe ; l'aquarelle m'offre un espace de calme.
Le temps semble ralentir. Le simple geste de tremper le pinceau, de chercher la nuance juste sur la palette, puis de la voir se déployer sur la feuille, a quelque chose de profondément apaisant, presque méditatif.
C'est une évasion, une manière de traduire une sensation, une beauté fugace, un souvenir qui palpite.
Bien sûr, il y a les doutes, les tentatives moins heureuses, le papier qui gondole ou la couleur qui déçoit.
Mais même ces moments font partie du voyage.
Ils m'apprennent, me poussent à observer davantage, à essayer encore.
Et puis, il y a cette joie simple, lorsque l'alchimie opère, lorsque l'image qui naît sur le papier semble respirer, porter en elle une parcelle de ce que j'ai voulu exprimer.
Ce n'est pas tant la perfection que je recherche, mais plutôt cette étincelle de vie, cette trace sensible d'un instant partagé avec l'eau, les pigments et le monde. L'aquarelle, pour moi, c'est cette quête infinie de lumière et de poésie.